Faire le deuil ou lâcher-prise ?

Aujourd’hui, je suis allée prendre un café chez ma tata.
Ma tata a 90 ans. Elle a perdu son mari il y a 5 ans en Septembre. Elle compte les jours depuis son départ. Ma tante est quelqu’un de nature très terre à terre, très rationnelle, pragmatique et structurée. Au décès de mon oncle, son monde s’est effondré. Je ne l’avais jamais vue comme ça.

Elle le disait elle-même : elle était dans le déni et n’acceptait pas de le voir partir.
Elle avait peur: qu’allait-elle devenir sans lui?
Elle était juste triste. 1833 jours se sont écoulés sans qu’elle ne trouve ni sa paix et ni sa sérénité. 

Nous traversons tous dans notre vie des moments de deuil, de séparation, qu’il s’agisse d’un emploi, d’un être cher, d’une situation ou parfois même d’un objet.

Avec ces différentes phases désagréables que sont la perte, phase primordiale car c’est  seulement lorsque celle-ci est vraiment perçue que le travail de deuil peut commencer, ensuite s’ensuivent le déni, la colère, la peur, l’acceptation, le pardon, le cadeau caché et finalement la sérénité, comme le décrit si bien François Delivré, dans son livre «  Le métier de Coach ».

Nous restons très souvent figés  sur le contexte de la séparation.
On essaie de trouver une raison, un bouc émissaire à cette situation, qui nous est injuste, pénible et insupportable. Or parfois, il n’existe aucune raison. L’événement est un fait, quelque chose que nous ne pouvons changer. En restant bloqué dans la colère et parfois la jalousie (car selon notre perception, notre entourage est toujours mieux loti que nous ), il nous est impossible de prendre du recul pour agir de façon rationnelle; alors que nous sommes les seuls à pouvoir changer notre perception.
Dès lors que nous l’acceptons comme un fait invariable, nous lâchons prise et notre changement personnel peut commencer. Notre ressenti n’est plus dans la colère mais vers la recherche de notre apaisement. Nous commençons un pas vers notre futur.
Cette sérénité nous permet de prendre des décisions et d’avancer.

En Thaïlande, la fête Loi Krathong est célébrée chaque année en Novembre. Loi signifie « flotter » et Krathong « radeau ». Les Thaïs ont l’habitude de réaliser de très beaux petits radeaux, en général sous la forme de fleurs de lotus avec une bougie au centre et de les laisser flotter sur le fleuve Chao Praya, à la tombée de la nuit.
De la même façon, des lanternes illuminés sont lâchés au même moment dans le ciel.
En lâchant ses symboles dans les airs ou dans les eaux, ils abandonnent les colères, les rancunes et les tristesses de l’année pour entrer de manière apaisée et positive dans les nouveaux mois futurs.
Ce lâcher prise correspond à une véritable cérémonie accompagnée d’un spectacle de lumières, qui m’a toujours émerveillée.

Peut-être que parfois nous devrions avoir ce regard d’enfant et voir s’éloigner notre  ballon dans le ciel ou notre petit bateau sur le lac, comme si c’était notre emploi, une personne très chère, notre colère, notre relation d’amitié avec le voisin…pour nous sentir ensuite bercé par une douce quiétude.

 

Et vous ? Quelle est la dernière fois que vous avez lâché prise pour retrouver votre sérénité ? Seriez vous prêt/e de lâcher symboliquement une lanterne dans le ciel pour être plus au calme avec vous même ?